MANIFESTE

Solutions pour situation d’urgence

Autant vous rassurer d’entrée de jeu, le propos se veut positif et constructif mais il me semble essentiel de faire un état des lieux et de ne pas se voiler la face avant de vouloir suggérer des solutions, afin que celles-ci soient réellement adaptées aux problèmes posés.

Constat

Des solutions existent, d’autres sont en cours de recherche et certainement l’avenir apportera son flot d’idées. Et pourtant, nous ne relevons toujours pas sérieusement les immenses défis que nous nous sommes imposés avec le changement climatique, la chute vertigineuse de la vie sauvage et globalement de la biodiversité, la raréfaction des ressources ou encore les diverses pollutions.

L’Humanité a une telle influence sur la biosphère et le climat, notamment ces dernières décennies, qu’elle aurait créé sa propre ère géologique, celle-ci débutant vers la fin du XVIIIe s, l’anthropocène, que l’on pourrait qualifier d’ère de l’Humain.

Ces bouleversements sont le résultat de l’activité humaine et notamment des pays les plus industrialisés à travers l’industrie, les transports, l’agriculture intensive, la surpêche, la déforestation, la réduction et la destruction des habitats, la pollution à l’échelle planétaire, l’urbanisation, l’introduction d’espèces invasives, l’exploitation nucléaire (civile et militaire), la liste est encore longue.

Les conséquences de notre activité sont légions à l’échelle de l’Humanité et de la Planète mais parmi celles-ci le réchauffement climatique représente une menace sans précédent. Les projections annoncent 3-4°C d’ici 2100 pour le moment (elles ne cessent d’augmenter depuis le début du XXIe s) mais la trajectoire des 6-7°C semble de plus en plus probable, notamment selon les experts français du climat, et le prochain rapport du GIEC (2022) s’annonce très inquiétant. Or dans ces conditions, la vie sur Terre deviendrait très compliquée voire impossible sur une bonne partie de la planète. Remarque, elle l’est déjà pour une partie de l’Humanité, 850millions d’humains sous-alimentés, 800 millions n’ont pas accès à l’eau potable.  On peut parler de mise en péril de notre vie sur Terre à une échelle bien plus courte que ce que nous l’imaginions. Depuis longtemps le discours écologiste a été « il faut sauver la planète », or la planète nous survivra, certes dans un état déplorable mais elle continuera sa longue histoire. Il faut bien se mettre en tête que c’est l’Humanité qui est en danger.

Alors maintenant, que faisons-nous ? Car le temps presse et l’inaction ou au mieux le manque d’ambition des dirigeants politiques, des industries et grandes compagnies ne répondent pas du tout aux enjeux.

Donner du sens à nos vies

Quoi, après ce que je viens d’écrire ? J’ai bien conscience que la première partie de ce texte est anxiogène et que l’ampleur de la tâche semble immense voire impossible et au final même si je vous bombardais de données, de témoignages, de photos et vidéos bouleversantes ce n’est pas pour autant que vous passeriez à l’action et surtout avec entrain. L’approche positif a bien plus de chance de fédérer et enthousiasmer que la dramatisation.

Avant de vouloir changer le monde, nous pouvons nous questionner, sommes-nous heureux dans notre vie, notre travail ? Il y a-t-il du sens dans ce que je fais et est-ce que j’y prends plaisir ? Bien sûr que nous ne pouvons pas être dans le bonheur continue et prendre du plaisir à chaque instant mais il me semble important de trouver un certain équilibre et surtout d’avoir du sens dans nos vies, de savoir pourquoi on se lève le matin, un objectif qui nous motive pour la journée et si on le souhaite, avoir un réel impact.

J’en profite pour faire un coup de pub à Mon Job de Sens, partenaire d’Oihan Design, qui accompagne les personnes souhaitant « trouver un job à impact positif et (re)trouver du sens dans leur carrière ». Pas de cachoteries, cette entreprise a été créée par ma femme Laura Genevois. Avec le recul je constate tous ces changements de vie opérées par les personnes qui ont suivi le parcours.

Quel rapport avec les enjeux environnementaux ?.

 « Soit le changement que tu veux dans le monde » (Mahatma Gandhi)

Pour moi tout est dit dans cette phrase. Pour que nous puissions relever les défis à venir, il faut déjà que nous appliquions notre propre changement.

Révolution culturelle

Et si finalement le problème était en partie culturel ?  Il existe tout un tas de blocages qui sembleraient provenir de faisabilités techniques ou logistiques mais qui en réalité sont des blocages culturels. Prenons deux exemples, le premier étant les arbres fruitiers en ville. L’initiative d’en planter dans les villes prend de plus en plus d’ampleur mais il existe toujours un certain blocage avec des remarques tel « les gens vont les voler » (c’est fait pour, enfin pas les voler, les cueillir), « ça va salir le trottoir », « ça fait concurrence aux revendeurs de fruits ».

Cette vision date de l’époque de Louis XIV au cours de laquelle le jardin dit à la française sest imposé, les arbres fruitiers faisant désordre voire vulgaire dans lagencement des rues.

 

D’où l’uniformité des arbres plantées en ville, encore aujourd’hui, qui servent de décoration mais ne doivent pas trop déranger et salir. Avant d’écrire ce texte, j’ai ramassé des olives sur des arbres en pleine ville en bord de route. Je n’ai pu m’empêcher d’avoir un petit ressenti de goût d’interdit alors qu’au final cela ne dérangeait personne, j’y ai pris beaucoup de plaisir, et dans quelques mois nous les dégusterons à l’apéro.

Seconde exemple, les toilettes sèches qui se développent de plus en plus mais qui restent toujours tabous pour une partie d’entre nous. Sachant qu’il n’y a que 2% d’eau douce sur Terre dont seulement 11,4% d’eau potable facilement accessible soit 0,3% de l’eau totale sur Terre, des citoyens de pays qui le pratiquent majoritairement peuvent être particulièrement choqués de nous voir souiller 29L d’eau potable chaque jour par personne. Au passage l’urine est un formidable engrais, gratuit qui contient tout ce qu’il faut pour nourrir les sols.

Je pourrais citer tout un tas d’exemple notamment autour des déchets qui sont totalement formatés par la vision que nous en avons.

Pour avancer, il me semble indispensable que nous prenions un peu de recul et que nous réfléchissions un peu à tous ces freins que nous nous imposons. Et pour cela, observer d’autres expériences, cultures, façon de faire est souvent une bonne manière de changer de paradigme ou au moins de se poser de bonnes questions.

Voir grand mais commencer petit (Sdrja Popovic)

A vouloir aller trop vite et trop fort, on risque de finir écœuré et surtout d’échouer dans notre projet quel qu’il soit. Il vaut mieux franchir de petites étapes comme passer tranquillement à certaines pratiques du zéro déchet, les réussir et surtout y trouver de la satisfaction, puis passer aux étapes suivantes. Il en va de même pour beaucoup de choses dont le potager ou l’aménagement d’un jardin, on a tendance à vouloir tout faire en même temps, planter beaucoup très vite et se fixer des objectifs trop élevés (je sais de quoi je parle) mais au final le résultat ne sera pas forcément à la hauteur de nos espérances et là-aussi le sentiment d’échec risque de nuire à notre engouement.

Dans un autre registre, Sdrja Popovic, activiste serbe qui prône la non-violence a rédigé l’excellent livre « Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes ». Son objectif et celui de ses amis avec qui il a fondé le mouvement Otpor était de lutter contre la dictature de Milosevic, régime particulièrement dur, et d’y mettre un terme, ce qu’ils ont réussi à faire fin 1998. Avant de vouloir s’attaquer au régime de manière frontale, organiser de grandes manifestations, ils ont obtenu de petits succès car les premiers objectifs qu’ils s’étaient fixés étaient gérables, atteignables. Cela (ainsi que leur utilisation de l’humour dans leurs actions) leur a permis de rassembler encore plus de monde et de passer aux étapes suivantes.

Il en va de même avec un design en Permaculture, c’est-à-dire la conception d’un espace en s’appuyant sur les principes de la permaculture. Cela permet de fixer une vision à plus ou moins long terme en planifiant les différentes étapes, celles-ci étant bien définies, mesurables et acceptées par toutes les personnes concernées.

Au final, il s’agit de se fixer des objectifs atteignables qui vont nous lancer sur une bonne dynamique et nous emmener sur les prochaines étapes pour atteindre la vision que l’on s’est donnée, et tout cela en y prenant plaisir

Une nouvelle agriculture

L’agriculture française et celle d’une bonne partie du monde a radicalement changé dans ses méthodes de travail mais aussi par la part qu’elle prend dans la population active. Nous sommes passés en France de plus de 6 millions d’agriculteurs en 1945 à 448 500 en 2019 dont 50% ont plus de 50 ans et la chute continue avec une baisse annuelle de 1,5 à 2%. Des évènements ont marqué ce XXe siècle agricole comme le remembrement massif (haies rasées, petites parcelles pour en faire de très grande) durant les années 60 à 80, voire 90 qui a été un choc pour le monde paysan, l’utilisation des produits phytosanitaires dont on subit les conséquences aujourd’hui, la monoculture qui appauvrit les sols, les semences paysannes qui ont quasi disparues et l’endettement qui étrangle les agriculteurs.

 1/3 des agriculteurs gagnent moins de 350€/mois.

Or nous avons besoin d’une agriculture qui permette aux agriculteurs de vivre dignement, aux consommateurs de s’alimenter avec des produits de qualité, non toxiques, à des prix accessibles, et qui prenne soin de l’environnement, de l’eau, de l’air et de la terre, éléments indispensables à toute vie sur Terre.

Pour qu’elle évolue il faut soutenir les agriculteurs qui ont changés leurs pratiques ou qui sont en transition et arrêter d’acheter nos produits en grande surface, car même bio les produits qui y sont vendus proviennent de l’agriculture intensive, de la monoculture et au final les ils ne sont pas nutritivement intéressants. Sans oublier que les agriculteurs sont pressés comme des citrons par la grande distribution.

Je rajouterai que durant les deux mois de confinement au printemps 2020, nous avons tous vu des files à n’en plus finir devant les centres commerciaux alors que les reventes en direct du producteur ou chez les primeurs qui travaillent avec des producteurs locaux se sont déroulées tranquillement (et leur activité a d’ailleurs progressé pendant cette période, les consommateurs réalisant que l’approvisionnement en circuit plus court était plus fiable). Bien sûr que l’offre n’est pas disponible partout, notamment dans les grosses métropoles mais il y a déjà de quoi faire notamment avec les AMAP, la ruche qui dit oui et tout un tas de réseaux et d’initiatives qui se mettent en place, à nous de les soutenir.

Nous avons presque tous des origines paysannes, parmi nos aïeux il y a des cultivateurs, des éleveurs, des viticulteurs, ou des pêcheurs (il n’y a pas que la terre). Peut-être serait-il temps de nous reconnecter avec nos origines, de casser les barrières et les préjugés existants entre le milieu rural et le milieu urbain et quoi qu’il en soit d’aider le monde agricole à survivre, à créer de nouveaux modèles et repartir sur de meilleures bases car nous n’avons tout simplement pas le choix.

Agriculture urbaine

Elle est très en vogue actuellement et les projets se multiplient notamment à Paris avec de multiples projets sur les toits parisiens, la Ferme du Rail, ainsi qu’à Marseille avec des projets comme le Talus ou Terre de Mars et qui a même vu la création de la Cité de l’agriculture.

Petit rappel, Paris était autonome jusqu’au milieu du XIXe s grâce notamment au maraichers qui cultivaient principalement à la périphérie de Paris, dans ce qu’on appelle aujourd’hui la petite couronne. Ils ont d’ailleurs inspiré plusieurs techniques réutilisées actuellement en permaculture grâce aux derniers de ces maraîchers qui ont résisté jusqu’à la deuxième partie du XXe s. Côté marseillais, la ville était autonome jusqu’en 1950 avec l’avantage de disposer encore aujourd’hui de beaucoup d’espaces verts plus ou moins cultivables. Ces deux villes comme les autres sont presque exclusivement dépendantes de produits cultivés à des centaines voire des milliers de kilomètres, parfois dans des conditions sanitaires et sociales déplorables et qui sont acheminés par camion, bateau voire par avion. Une des raisons qui m’ont poussées à travailler en partie sur l’agriculture urbaine est l’information suivante, qui est assez effrayante :

Paris ne dispose que de 3 jours d’autonomie alimentaire. Le degré d’autonomie alimentaire moyen des 100 premières aires urbaines françaises est de 2,1% (Paris = 1,27% / Marseille = 2,22%)

 

Potentiellement l’agriculture urbaine pourrait répondre à 10-15% des besoins alimentaires des villes mais sa force principale réside à mes yeux dans la sensibilisation et l’éducation des populations, notamment des plus jeunes, au potager, au compostage ou encore à la préservation de la biodiversité. Elle permet aussi d’offrir des solutions d’urbanisation plus adaptées aux enjeux actuels (végétalisation, bio-climatisation, espaces de détente, réutilisation des déchets organiques, etc). Je faisais référence aux petits succès de Popovic précédemment, je pense qu’elle permet d’en obtenir, d’être une vitrine, de rassembler encore plus de gens, de les rendre acteurs quitte à leur donner envie de quitter la ville pour monter des projets plus ambitieux et/ou plus adaptés à leurs envies.

Sa créativité, sa recherche permanente de solutions et souvent la poésie qui l’habite, l’envie de créer de beaux espaces sont des moteurs formidables pour réfléchir à une nouvelle agriculture et une nouvelle façon de penser la ville mais aussi l’ensemble du territoire. Et ce qu’il y a d’encore plus fort, c’est que nous pouvons tous mettre les mains dans la terre et participer, même si nous n’avons qu’un rebord de fenêtre.

Repenser la ville

Depuis 2008, plus de la moitié de la population mondiale vit en milieu urbain, ce chiffre grimpant à 80% pour la France (1/4 vit dans une métropole de plus d’un million d’habitants). Or, il s’agit d’un milieu qui n’a pas de résilience et d’autonomie, qui étouffe dans sa logistique, son aménagement, la pollution qu’elle engendre et qui subit de plein fouet le changement climatique avec des canicules de plus en plus fortes et longues, de fortes pluies, et paradoxe, une eau qui commence à manquer. Ainsi les villes vont devoir se réinventer et trouver des solutions à court terme.

Elles suffoquent dans la pollution, la voiture a fait son temps, place à l’air des déplacements dit doux. Un des avantages du confinement aura été l’explosion de l’usage du vélo et l’installation provisoire de pistes cyclables un peu partout, une partie d’entre elles se pérennisant.

Les transports sont un des enjeux majeurs à l’intérieur des villes mais aussi avec leurs périphéries ainsi qu’entre elles (dédicace au Marseille-Bayonne = 9h20 de train). L’aéronautique, archi subventionné, doit également réduire la voilure pour laisser place au train surtout quand le temps de trajet est égal. La coopérative RAILCOOP ouvrira la ligne Lyon-Bordeaux en 2022 et projette la réouverture d’autres lignes inter-régions. Les trains de nuit devraient également effectuer leur retour.

La végétalisation des villes est un autre enjeu majeur, que ce soit dans les rues, les parcs, sur les façades, les toits, partout où c’est possible.

La végétalisation d’une rue peut y réduire la chaleur de 10°C.

Déminéraliser l’espace urbain est une autre solution pour réduire cet effet four et capter un maximum d’eau de pluie. À noter que la ville de Paris va installer dès 2021 des forêts urbaines et a déminéralisé 40ha en espérant que les initiatives de ce genre continuent.

L’eau, si précieuse ne peut plus être gaspillée ou perdue aussi facilement. À Paris, le cycle de l’eau a été divisé par 2, c’est-à-dire qu’une goutte d’eau tombée sur un toit parisien, se retrouve en 18h dans la Manche au lieu de 36h. Il est un devoir d’en capter un maximum que ce soit dans les sols ou dans des réserves car la tension hydrique est de plus en plus forte et les interdictions d’utilisation se multiplient.

En parallèle, il faut penser la ville en amont pour éviter les inondations et torrents de boue qu’on voit de plus en plus. Pour cela il faut repenser l’aménagement des cours d’eau et surtout travailler en amont pour que les sols puissent capter et garder l’eau. À paris, la Seine et la Marne traversent d’immenses espaces de monoculture céréalière qui ne retiennent pas l’eau. L’agriculture a là aussi un rôle à jouer. Les forêts en amont peuvent aussi aider tout en offrant un service d’épuration gratuit comme c’est le cas à New-York. Dans le Var, les torrents de boue sont fréquents et sont dus de l’artificialisation galopante, des méthodes de travail d’une bonne partie des vignerons (la terre retournée en permanence part avec les grandes pluies) et d’aménagements urbains inadaptés. A titre d’exemple, je travaille avec un viticulteur, Julien Castell (Domaine Castell-Reynoard, Bandol), qui ne retourne plus ses sols depuis trois ans afin d’obtenir un sol vivant. Lors des grosses pluies de novembre 2019 (100mm/jour), les vignes avoisinantes étaient des torrents de boue alors que les siennes absorbaient l’eau sans problème.

La logistique est également à revoir, le camion représente plus de 90% des moyens de transports pour tout ce qui est marchandises. Les fleuves peuvent être une solution pour y acheminer les cargaisons sur les quais et les répartir en ville par la suite, par tri-porteur à vélo par exemple. Le fret ferrovière doit jouer un rôle également. Mais surtout relocaliser les productions alimentaires et manufacturières au plus près des villes.

La gestion des zones situées entre le milieu urbain et rural représente un enjeu crucial. En effet, le milieu péri-urbain se trouve sous une très forte pression avec l’étalement des villes, il est prioritaire de protéger les espaces naturels et cultivables encore existants pour soulager les cités et redonner une cohérence paysagère.

Les déchets sont une véritable plaie et représente un coût astronomique. Le recyclage n’est pas une solution, pour cela je vous invite à lire le livre de Flore Berlingen, ancienne directrice de Zero Waste France, « Recyclage, le grand enfumage ». Nous avons plutôt besoin de passer au monde du zéro déchet-zéro gaspillage, travailler sur l’écoconception, la réutilisation, la réparation et surtout réduire notre consommation. Pour les déchets organiques (épluchures, restes repas, déchets espaces verst), il est important qu’ils soient compostés au plus près de leur consommation afin d’être réutilisés pour les besoins de leurs consommateurs ou sur un site proche plutôt que d’être compostés sur d’immenses plateformes.

 

Nous avons plutôt besoin de passer au monde du zéro déchet – zéro gaspillage, travailler sur l’écoconception, la réutilisation, la réparation et surtout réduire notre consommation.

Au final, une des solutions est peut-être qu’une partie des français quittent les grosses métropoles plutôt que de s’entasser dans des appartements exigus qui coûtent des sommes toujours plus délirantes. Je parlerais même de décentralisation de la France où Paris ne cesse de s’étaler et d’être le centre de tout (je suis parisien). Des régions de France ont besoin d’être revitalisées et ne demandent qu’à recevoir des néo-ruraux près à s’investir et redynamiser des villes de moyenne ou petites tailles voire des villages.

Consommons moins mais mieux

Faire changer des secteurs comme l’agro-alimentaire, l’industrie automobile, le numérique ainsi que l’Etat et les collectivités par des plaidoyers, manifestations, pétitions et autres actions militantes est long et usant, notamment à cause des rétropédalages fréquents. Néanmoins je continue de penser que ces actions et notamment le travail des ONG est capital, nous devons batailler collectivement pour faire pression et changer ce qui est contraire au bien de l’Humanité et de la planète tout en évoluant personnellement.

Mais il y a quelque chose que chacun d’entre nous peut faire, nous sommes tous des consommateurs et nous avons le pouvoir de décider ce que nous souhaitons consommer ou pas même si on ne va pas se le cacher, il est parfois difficile de consommer autrement pour des raisons logistiques et financières. Néanmoins, nous disposons d’une certaine marge de manœuvre et acheter quelque chose c’est aussi voter.

Prenons pour exemple le téléphone portable qui est absolument partout et a changé nos vies. Dans le monde, en 2020 il y a 2,87 milliards d’utilisateurs de mobiles et plus de 2 milliards de téléphones seront vendus d’ici la fin de l’année. Sachant qu’on nous pousse toujours à changer de modèles notamment avec des mises à jour qui rendent nos téléphones lents voire inutilisables. Or la 5G arrive (autre sujet) et va pousser tout le parc à changer de téléphone. Je pourrais aussi ajouter les téléviseurs toujours plus techniques même si à un moment notre œil ne sera même plus capable de capter l’image, ou encore la mode qui pousse à changer de vêtements tous les 4 mois notamment avec des soldes permanentes.

Les ressources dont nous disposons ne sont pas infinies et une partie d’entre elles sont déjà réduites et vont bientôt manquer alors changeons notre manière de consommer en se posant déjà la question :

« ai-je réellement besoin d’acheter cet objet ? »

Car au final, nous possédons tout un tas de choses qui ne nous servent quasiment pas, qui nous encombrent et finissent même par nous oppresser. Débarrassons nos vies de toutes ces choses inutiles, réparons ce qui nous sert et ne fonctionne pas (vive les Repair Cafés) et pour ce dont nous avons besoin il y a des solutions d’achat en réutilisation (Backmarket, Rebuy, Vinted, Le Bon Coin, etc) ou en location (Kiwiiz). C’est aussi une solution pour faire des économies, c’est plus simple que de cravacher pour aller chercher toujours plus d’argent afin de se payer des objets neufs qui en plus ne nous servent pas toujours ou peu (comme cette perceuse qui vous sert 30min par an en cumulé).

L’énergie est la pierre angulaire de nos sociétés. Le pétrole a permis un développement accéléré mais nous a placé dans une situation périlleuse. Attention aux solutions que nous allons déployer pour le remplacer. Des erreurs ont déjà été commises notamment avec les agro-carburants alors que les terres arables disparaissent et que 850 milliards d’humains ne mangent pas à leur faim. Attention au tout électrique, les batteries demandent beaucoup de matières premières qui devraient être en pénurie au cours du XXIe s. Le problème n’est pas la voiture utilisant du pétrole mais la voiture individuelle en elle-même avec cette aberration d’un véhicule d’une tonne (et plusieurs tonnes de déchets nécessaires à sa fabrication) pour déplacer une personne de 70kg.

Finalement le maître mot est la sobriété énergétique.

Nous pouvons tous y contribuer et des solutions existent sans bouleverser nos vies (cf. scénario Negawatt). Environ 20% de nos consommations d’énergie sont du gaspillage pur (éclairages, veilles, chauffages avec fenêtres ouvertes…) commençons par réduire celui-ci.

Le choix de ce que vous mangez a aussi un impact selon la distance parcourue ou le type d’aliments. La viande pose clairement un problème, elle consomme trop d’eau, contribue à la déforestation et aux émissions de CO² et de méthane et les animaux sont très souvent traités dans des conditions indignes. A mon sens il est impératif de réduire très nettement notre consommation de viande et de poisson (les stocks sont au bord de la rupture). Pour ceux d’entre nous qui ne souhaitent pas devenir totalement végétariens ou vegan, mangeons beaucoup moins de viande et de poisson mais mangeons bon. Financièrement on s’y retrouve et aller chez un boucher ou un poissonnier fait toute la différence.

Une nouvelle chance nous est donnée

Pour répondre au changement climatique, il nous reste deux types d’action, freiner le changement climatique et s’y préparer. Finalement, cette période d’incertitude et de grands défis ne serait-elle pas une formidable occasion d’écrire un nouveau chapitre de l’Humanité. Nous avons là l’occasion de réinventer notre mode de vie, notre environnement, nos rapports entre humains ainsi qu’avec le vivant. Des métiers vont peut-être disparaitre mais d’autres seront inventés ou réinventés. Des pratiques oubliées referont surface tout en étant améliorées par nos dernières découvertes. C’est une grande aventure qui nous attend.  Pour cela l’engagement de chacun tout comme l’engagement collectif sont essentiels.

 

Ce texte est très long mais à vrai dire je pourrais écrire des pages et des pages, pas parce que j’ai une boule au ventre ou parce que j’ai peur de l’avenir, même si bien sûr je pense à notre fils, mais bien au contraire parce que je me sens porté par les diverses dynamiques et initiatives qui se lancent un peu partout sur notre territoire. Je me focalise de moins en moins sur les problèmes auxquels nous devons faire face mais plutôt sur toutes les solutions et les personnes qui y travaillent et qui nous montrent la voie.

Alors rejoignons-nous, créons un nouveau récit et bâtissons un nouveau monde tel que nous le souhaiterions.

 

Richard Genevois – 05/10/2020