Oyas, objets antiques pour une irrigation pratique
Ce qu’il y a de bien avec les oyas c’est qu’elle s’adaptent à nos besoins et surtout à ceux des plantes. On peut les utiliser en intérieur ou extérieur, qu’elle que soient le contexte et dans la plupart des conditions, même en milieu aride. Elles trouvent leur place au potager, dans les bacs et jardinières ou encore dans les cultures maraîchères et horticoles. Le tout est de bien évaluer les besoins et designer son installation, peut-être même au cours d’un Design en permaculture !
Une technique ancienne toujours d'actualité
L’irrigation par jarres enterrées pourrait remonter à 4 000 ans. L’agronome chinois Fan Shengzhi en fait mention il y a 2 000 ans dans son ouvrage sur l’agriculture destiné à l’empereur. Des découvertes ont été effectuées en Afrique du Nord et en Iran. Cette technique a également été utilisée durant la Rome Antique, certaines d’entre elles, fabriquées à Aubagne, ont été retrouvées en Corse.
Aujourd’hui son utilisation retrouve un regain d’intérêt notamment auprès des particuliers. Ainsi des fabricants locaux ont relancé la dynamique en France et en Europe plus largement, en Amérique du nord et en Australie. Les professionnels commencent aussi à s’y intéresser, comme certaines oliveraies du sud de la France. Il est difficile d’évaluer son utilisation dans le milieu agricole à travers le monde. Des pays comme le Brésil ont lancé des projets utilisant cette technique. L’Inde et le Pakistan semblent la pratiquer encore de manière traditionnelle. Des recherches ont été effectuées en Afrique et en Amérique latine mais la technique n’a pas encore été massivement développée.
Des acteurs de la permaculture, notamment Bill Mollison, un de ses fondateurs, se sont penchés sur la question et en promeuvent aujourd’hui l’utilisation.
Du low-tech avec un matériau 100% naturel
Le principe de porosité est la clé des oyas. Généralement composées d’argile, d’autres matériaux peuvent être ajoutés, selon les ressources à disposition sur place. Fabriquées à la main avec un matériau 100% naturel et biodégradable, elles sont cuites à une température en dessous de 1 000° afin d’obtenir la bonne porosité. Pour l’améliorer on peut poncer légèrement la surface extérieure.
Elles diffusent l’eau autour d’elles, en profondeur, directement aux racines. Cette technique améliore la santé et la résistance des plantes en favorisant un bon enracinement. Ces dernières utilisent ainsi ce dont elles ont besoin afin de compenser l’évapotranspiration.
Les oyas peuvent être implantées en intérieur ou extérieur, en pleine terre, dans des pots, bacs ou jardinières. Il en existe de toute taille, certaines sont mêmes décorées et colorées. Les plus petites peuvent alimenter des fraises dans un pot et les plus grandes une surface d’1m² autour d’elles, selon le type et le nombre de plantes implantées autour.
Elles accompagnent la culture de plantes potagères, maraichères, d’arbres fruitiers ou encore de plantes d’intérieur.
DIY - solution à peu de frais
Vous pouvez également en fabriquer vous-même, mais il faudra faire des tests car la porosité peut être aléatoire. Des maraichers à Saint-Cyr-sur-mer (Var), où je vis la majeure partie du temps, ont effectué un essai sur la saison estivale, celui-ci s’est avéré concluant. Pour cela, on peut faire de la récupération avec deux pots en terre cuite de la même taille que l’on assemble avec de la colle-mortier ou un autre type de liant. Il faut boucher le trou au fond de l’oya créée avec le liant déjà utilisé ou avec un bouchon de liège (il gonflera avec le contact de l’eau). Le trou du dessus doit également être obstrué avec un bouchon que l’on retire quand on souhaite arroser. Cela permet d’éviter l’évaporation et la prolifération des moustiques.
On peut également utiliser tout simplement un pot coiffé de sa coupelle (scellée ou pas). Mais il semblerait que la préservation de l’eau et de la fraicheur soit moins efficace. L’ergonomie en largeur et non évasée sur la partie haute expose plus l’oya au soleil. C’est aussi ce qui explique la forme évasée des oyas, en forme de jarres.
Une consommation en eau nettement réduite
Les oyas permettent une économie d’eau de 50 à 70% (par rapport à l’arrosoir), un apport en eau 3x moins fréquent et réduisent le stress hydrique des plantes. Les pertes en eau dues à l’évaporation et à l’infiltration sont nettement réduites. Pour comparer l’efficacité des différents systèmes, l’efficacité de l’irrigation par arrosoir est de 80% (quantité d’eau utilisée par la plante sur celle fournie), celle par aspersion est de 65% et l’irrigation de surface est de 50%.
La plante n’utilise que la quantité d’eau dont elle a besoin, quand cela lui est nécessaire. Avec les autres systèmes c’est souvent le cultivateur qui dicte l’irrigation, ce qui n’est pas toujours adapté aux besoins de la plante.
Cela représente donc une économie en énergie importante, surtout dans un contexte de stress hydrique qui se généralise en France et dans le monde. Cette économie est également financière, notamment pour les particuliers qui paient l’eau plus cher.
Installer et utiliser une oya
Étudier le positionnement
Avant de creuser, il faut bien étudier son design et récolter quelques informations. Quel type de sol, pour quel type de culture, dans quelles conditions ? Exemple : dans un sol sableux on aura tendance à réduire l’espace entre les oyas. Pour une culture verticale, on placera l’oya près de la plante tandis que pour une culture rampante, on pourra espacer. Assurez-vous que la zone soit bien couverte et que la quantité d’eau diffusée répondra aux besoins de la plante. Pour cela, renseignez-vous au préalable sur les besoins en eau de votre plante. La dimension de l’oya est bien sûr à prendre en compte. Celles fabriquées par les artisans sont accompagnées de recommandations.
A noter que l’utilisation des oyas est surtout destinée à la culture de plantes estivales telles la tomate, le poivron, l’aubergine, la courgette, le concombre ainsi que les arbres fruitiers. La culture des carottes et betteraves est moins adaptée.
(Si déjà utilisée) Nettoyer l'oya
Les pores finissent par se boucher avec le temps, il est nécessaire de frotter doucement l’extérieur pour lui rendre sa porosité. A noter qu’il est préférable de déterrer les oyas avant l’hiver s’ils n’ont plus d’utilité. En effet, elles résistent au gel jusqu’à -2°C mais en dessous il y a des risque de les abîmer. Donc à l’automne, on les enlève, on les nettoie et on les stocke jusqu’au printemps. Pour accompagner les arbres fruitiers durant l’hiver, il faut effectuer un bon paillage pour atténuer le gel.
Préparer le sol
Décompacter le sol avec la grelinette ou la fourche bêche afin que la diffusion de l’eau soit bonne. Un sol qui a un fort taux de matière organique et/ou qui aura reçu des apports de compost aura une meilleure rétention d’eau.
Creuser un trou aux bonnes dimensions
Inévitable. Assurez vous qu’elle ne soit pas enterrée trop profondément (expérience vécue), de la terre peut y couler. Trop peu enterrée, la consommation d’eau augmentera et la distribution ne sera pas assez profnode. Pour vous repérer, alignez le haut de l’oya avec le haut de votre bordure (notamment si vous avez des traverses ou planches) ou assurez-vous qu’une petite partie du colle dépasse.
Fréquence d'arrosage
Un conseil, ne laissez jamais votre oya vide ou quasiment. Vos plantes doivent toujours avoir de l’eau à disposition. En moyenne, il faut arroser 1 voire 2 fois par semaine (selon les conditions bien sûr). La fréquence peut augmenter lors des fortes canicules car la transpiration des plantes va nettement augmenter. Pensez à bien remettre le couvercle (#moustiques). Je parle beaucoup des moustiques mais par expérience quand les moustiques tigres sont dans la place, les mollets trépassent.
Une aide précieuse au potager
Par leur alimentation continue et en profondeur, les oyas optimisent les conditions de culture et peuvent éviter certains désagréments :
- Par exemple, le manque d’eau peut apporter le cul noir aux tomates. Une diffusion continue et adaptée aux plants permet d’éviter cette problématique ;
- Leur utilisation réduit l’apparition d’adventices (souvent appelées « mauvaises herbes ») ;
- Les rendements avec un arrosage par jarres seraient meilleurs comparés à ceux avec d’autres types d’arrosage. Des tests effectués sur divers types de culture avec différents type d’arrosage ont montré que les rendements étaient meilleurs voire nettement meilleurs dans certains cas. Un test a été effectué sur la culture de tomates en Éthiopie, le rendement était supérieur de 50% avec l’irrigation par jarres. Des oliveraies utilisant des oyas ont remarqué que le rendement était meilleurs et surtout que les arbres étaient en meilleure santé.
- Le système racinaire se développe plus en profondeur améliorant la résistance des plantes. L’arrosage en surface pousse les racines à se développer principalement horizontalement dans une faible profondeur. Cette conséquence fragilise les plants.
Trucs et astuces
- Le paillage du sol améliore la rétention et l’économie d’eau ;
- Couplé avec un arrosage automatique les oyas deviennent autonomes. Ce qui offre un gain de temps important et permet une absence prolongée. Cela permet également leur installation dans des systèmes de cultures plus importants comme de grands potagers, des cultures maraîchères et des vergers. Plusieurs oliveraies du Sud de la France ont implanté des oyas pour l’irrigation avec par exemple 3/4 oyas autour de chaque olivier. Afin d’éviter que les moustiques n’y prolifèrent à cause de l’ouverture causée par le tuyau, percez un petit trou dans le couvercle ou dans le col de l’oya. Pour percer, soyez patient, allez-y doucement, vous finirez par y arriver. À noter qu’Oyas environnement fabrique également des oyas connectées avec des trous déjà effectués.
- Selon le type de sol dont vous disposez, l’irrigation ne sera pas la même. Dans un sol sableux qui draine plus facilement, l’irrigation s’effectuera plus en profondeur mais moins en largeur alors que le phénomène inverse s’appliquera à un sol argileux. Les sols limoneux se situent entre les deux. Donc si vous avez un sol argileux vous pouvez avoir par exemple un espace de 80cm entre chaque oya, tandis qu’avec un sol sableux l’espace sera de 50-60cm.
Infos utiles
Les fabricants
Il s’agit d’une liste non exhaustive d’artisans français. N’hésitez pas à en suggérer d’autres en commentaires. Pour le moment je n’ai testé les oyas que d’un seul artisan dont je suis satisfait. Je compte tester les autres.
Oyas environnement (testé notamment avec expédition à domicile d’une palette entière)
Installation / conseil
Si vous souhaitez avoir plus d’informations, n’hésitez pas à me poser des questions en commentaire. Pour être accompagné dans l’installation d’oyas ou réaliser un design complet contactez-moi.
À bientôt !!